Nikolay Semenov’s speech at the Nobel Banquet in Stockholm, December 10, 1956

(Translation)

Sire, Madame, Altesses Royales, Excellences, Mesdames et messieurs,

Qu’il me soit permis d’exprimer ici, au nom de Sir Hinshelwood et personnellement, la profonde et cordiale reconnaissance qu’éveillent en nous le grand honneur d’avoir été désignés pour le prix de chimie de 1956, ainsi que le chaleureux accueil qui nous a été réservé à Stockholm.

Nous avons reçu ce prix pour nos recherches sur le mécanisme des réactions chimiques en chaîne.

L’étude des processus chimiques me semble plus difficile que celle de la physique et de la biologie, car l’une, la physique, a déjà acquis l’expérience et la sagacité de la vieillesse, et l’autre, la biologie, a parfois l’avantage que donne l’optimisme de la prime jeunesse.

La chimie théorique, elle, a atteint l’âge d’homme. C’est précisément pourquoi nous tous, qui nous consacrons à la chimie théorique, nous saisissons si bien de quelles difficultés notre tâche est faite, et nous sommes pleinement conscients des faiblesses de nos méthodes scientifiques.

Mais, en même temps, il n’est rien de plus important, de plus intéressant que de surmonter ces difficultés, et elles ne nous effrayent pas.

Les hommes sont tels qu’ils trouvent leur joie à affronter, dans l’émulation, des tâches difficiles sans doute, mais jamais ingrates, comme celles qu’offre, par exemple, la science.

Le prix Nobel symbolise en quelque sorte cette émulation des chercheurs du monde entier, il y contribue, et sert ainsi l’idée humaniste d’une union des efforts de tous pour la conquête d’une connaissance complète des mystères de la nature et pour l’utilisation de cette connaissance au profit du bien-être et du développement pacifique de l’humanité.

Encore une fois, je tiens à exprimer combien nous sommes reconnaissants d’avoir fait l’objet d’un tel honneur.