Maurice Allais’ speech at the Nobel Banquet, December 10, 1988 (in French)

Majestés, Altesses Royales, Chers Collègues et Amis, Mesdames et Messieurs,

Je suis profondément honoré par le Prix Nobel d’Economie qui vient de m’être décerné, en fait la plus haute distinction que puisse recevoir un scientifique.

Quand je parcours la liste des savants prestigieux qui depuis 1901 ont reçu un Prix Nobel, de Max Planck à Louis de Broglie pour la physique, de Svante Arrhenius à Francis Aston pour la chimie, de Robert Koch à Alexander Fleming pour la médecine, pour ne citer que ceux-là, je ne puis que ressentir d’autant plus le très grand honneur qui m’est fait en tant qu’économiste et qui place mon nom à côté de ceux de ces découvreurs de génie.

Ma première pensée va à mon père mort au cours de la première guerre mondiale, et dont la perte à été pour moi irréparable. Elle va également à ma mère sans laquelle je n’aurais jamais pu poursuivre mes études et dont la joie aujourd’hui aurait été ineffable.

Je voudrais également associer à l’honneur qui m’est fait tous mes collaborateurs qui depuis 1940, et à des titres divers, ont participe à mes travaux et sans l’aide desquels ils n’auraient pas été possibles ; – tous mes élèves dont les questions, les observations et les critiques ont toujours été pour moi extrêmement stimulantes ; – tous ceux qui, en tant d’occasions, m’ont apporté une aide efficace et inappréciable, et m’ont soutenu de leur estime et de leur amitié, tout particulièrement dans les moments difficiles de ma carrière ; – mon épouse enfin, qui depuis trente années à participé très activement à tous mes travaux, qui m’a constamment soutenu de son aide et de ses conseils, et à laquelle je dois énormément.

Je remercie enfin l’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris et le Centre National de la Recherche Scientifique qui depuis plus de quarante ans m’ont fourni les moyens de réaliser mon œuvre.

Puis-je encore rendre hommage à la mémoire d’Alfred Nobel, inventeur de génie, entrepreneur exceptionnel, et créateur d’une Fondation exemplaire.

II est bien certain que le chercheur passionné que je suis à depuis longtemps trouvé sa récompense dans les satisfactions personnelles qui ont résulté pour lui de la réalisation progressive d’une présentation synthétique des phénomènes économiques, symbiose réciproque et cohérente entre la théorie et les données de l’observation, de l’élaboration de modèles qui se sont trouvés remarquablement vérifiés par les données empiriques, et tout particulièrement de la découverte de régularités invariantes, jusque là insoupçonnées, dans des domaines de l’économie où l’opinion commune ne voyait rien de tel.

Mais tout comme ceux qui m’ont précédé dans cette suprême distinction que représente le Prix Nobel, l’homme que je suis ne saurait y rester insensible, ni non plus aux hommages d’estime si nombreux et si chaleureux qu’à cette occasion il a reçu de la communauté scientifique.

Encore une fois merci.